adoption

Fonder une famille, n’est-ce pas là le lot de chaque être humain? Au début du XXe siècle peut-être mais actuellement, la science nous permet de choisir si l’on souhaite ou non

devenir parent. Pour certains, il s’agit d’un rêve, pour d’autres, d’un cauchemar à éviter. Bien que les technologies contrôlent les naissances, elles ne réussissent pas encore à assurer une grossesse à toutes les femmes. Reste une solution pour les couples éprouvant des difficultés en terme de fertilité et rêvant d’une famille: l’adoption.

Qu’elle soit locale ou internationale, l’adoption est un phénomène en croissance depuis quinze ans. Au Québec, pour l’année 2000, le secrétariat à l’adoption internationale a dénombré 697 enfants adoptés en provenance de 41 pays, alors que l’Association des Centres Jeunesse (adoption interne) en compte environ 240 par année. Au Canada, ils sont autour de 2 000 enfants à venir s’établir dans une nouvelle famille, comparativement à 5 000 en France. Mais avant d’accueillir le nouvel enfant, encore faut-il s’être armé de patience et de temps: le parcours de cette aventure s’avère plutôt long!

Toute personne souhaitant déposer une demande d’adoption devra passer à travers une documentation considérable, disponible dans plusieurs sites Internet, dans les Centres Jeunesse ou encore auprès du Ministère des Affaires étrangères (mission de l’adoption internationale). Les étapes sont multiples et, dépendamment du pays de résidence, doivent être faites en compagnie d’une personne ressource spécialisée dans le domaine. Par exemple, au Québec, pour une demande à l’étranger, on peut faire appel aux services d’une agence expérimentée pouvant fournir informations, documents et accompagnement dans la démarche. Différentes conférences sont proposées afin de se familiariser avec les formulaires, conditions et propositions offertes. Avant de se lancer pleinement, il faut savoir ce qui peut arriver: deuil de l’enfant biologique, attente, enfant malade, attachement difficile, retard intellectuel, choc culturel…
Élaine, ayant adopté un petit Cambodgien en 2001, affirme qu’il est préférable d’être informé du pire plutôt que de ne pas connaître toutes les réalités de l’adoption. Elle recommande de s’informer à divers endroits, notamment en lisant, en assistant à des groupes de discussion, en se renseignant auprès de plusieurs agences, travailleurs sociaux… Il faut prendre le temps de se préparer… Comme le font les parents pendant les neuf mois de la grossesse. Sur le site du mouvement de l’adoption en France, Enfance et Familles d’adoption (EFA), on peut lire: «Adopter n’est pas une bonne action: c’est un choix de vie. On n’adopte pas un enfant parce que l’on pense qu’il y a trop d’enfants malheureux dans le monde (pour cela, on se tourne vers l’action humanitaire ou le parrainage) ou pour se donner bonne conscience.»

Il faut arrêter son choix selon ses forces et ses faiblesses: Chacun doit réfléchir de quels enfants il peut se sentir parent. Le choix du pays est donc l’étape décisive qui orientera toutes les décisions futures. Il est important de le faire d’un commun accord, après avoir envisagé toutes les possibilités et consulté les critères à respecter de chaque pays. L’aspect financier de l’aventure peut influencer ce choix lorsqu’il s’agit d’adoption internationale; il ne faut pas se le cacher, certaines démarches nécessiteront une somme considérable, non négligeable. Ainsi, certains couples préféreront finalement se tourner vers l’adoption locale, celle-ci n’entraînant pas d’investissement particulier.

Les frais d’adoption internationale sont variables selon le pays choisi, mais peuvent facilement atteindre de 8 000 à 35 000 $.

Aperçu des dépenses encourues par les démarches d’adoption internationale*

-Traduction du dossier par un traducteur assermenté
-Légalisation du dossier auprès du consulat du pays d’origine de l’enfant puis auprès du ministère des Affaires étrangères
-Frais de communication (transmission du dossier par courrier spécial, télécommunications…)
-Coût des procédures sur place (avocat, frais de jugements…)
-Remboursement éventuel des frais médicaux et des frais d’entretien de l’enfant depuis sa prise en charge par les services sociaux qui l’ont accueilli
-Dons à l’OAA (Organisme Autorisé pour l’Adoption) ou à l’orphelinat qui s’est occupé de lui
-Voyages et séjours éventuels des parents dans le pays d’origine
-Rémunération d’un interprète sur place
-Passeport et visa de l’enfant
-Voyage de l’enfant vers le pays de résidence

* Enfance et Familles d’adoption (France)

Le processus est rigoureux et il faut être certain de sa démarche avant de concentrer ses énergies sur une longue période. Difficile, direz-vous, de ne pas se décourager? Oui, il est normal de perdre patience ou espoir par moments mais les services d’aide à l’adoption existent pour soutenir les parents adoptants et il ne faut pas hésiter à s’y référer. Encore plus lors de l’adoption locale, mais aussi à l’international, les professionnels tentent de trouver une famille à un enfant, et non l’inverse. La situation familiale doit donc être analysée par le directeur de la protection de la jeunesse (DPJ), un psychologue ou un travailleur social, selon chaque pays. Les principaux points déterminants seront la condition matérielle des parents adoptants ainsi que leur bonne santé, tant physique que psychologique.

Adoption: Trois possibilités

L’adoption peut se faire à l’étranger ou dans le pays même de résidence (l’adoption dans une autre province, au Canada,

doit respecter les mêmes critères qu’à l’international). Au Québec, l’adoption interne relève des Centres Jeunesse du Québec, où il nécessaire de déposer une demande, et offre deux alternatives: l’adoption régulière ou par banque mixtes.
L’adoption régulière permet à un enfant d’être adopté avec le consentement de ses parents biologiques. L’attente est très longue et peut atteindre cinq ou six ans puisque cette procédure représente une partie minime des cas, il n’y a pas beaucoup de bébés confiés directement à l’adoption.
L’adoption en banque mixte est possible dans le cas où les parents biologiques de l’enfant sont indécis, ils ne savent pas encore s’ils veulent le confier en adoption. L’enfant est d’abord jumelé à une famille d’accueil, faisant partie d’une banque de noms d’adoptants potentiels, puis, une fois que les services sociaux ont jugé bon de ne pas le confier à ses parents biologiques, l’accord de la Cour du Québec ou le consentement des parents officialise l’adoption. La famille peut parfois être en attente d’une réponse des parents biologiques pendant plusieurs années. Ce type d’adoption comporte un risque: celui de se faire retirer la garde de l’enfant sous demande parentale.

Bon nombre des adoptions se soldent par un succès mais les embûches peuvent sembler interminables au début. Ce parcours nécessite une remise en question chez le couple adoptant sur ses motivations profondes, ses craintes, ses attentes. Il est difficile de croire qu’après un ou deux ans, tous ces efforts n’auront pas été vains et feront place au bonheur d’être parent. L’adoption est une quête qui peut se révéler ardue et sinueuse faisant atteindre des sommets que l’on croyait jusqu’alors inatteignables. L’attente et l’impatience ne seront alors que de vagues souvenirs de voyage, faisant place aux joies et surprises à venir.

Votre point de vue:

1- Selon vous, y a-t-il encore beaucoup de préjugés face aux mères laissant leur enfant en adoption? Que pensez-vous vous-même de l’adoption?

2- Et pour celles qui ont déjà adopté, comment s’est passé votre expérience? Trouvez-vous que les ressources d’aide à l’adoption sont suffisantes?

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