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Le Vème arrondissement de Paris s’étend du Panthéon à la Seine. Plus ancien quartier de Paris, il est bien connu pour la succession de ses petites rues tortueuses au coin desquelles on ne manque pas de trouver un petit marché, une librairie, une terrasse de bistrot, un escalier étriqué, une place d’université… ou une mosquée. Descendant la rue du Puits de l’Ermite en direction du Jardin des plantes, le visiteur non averti ne manque pas d’être surpris par l’apparition soudaine d’un minaret. Comme en exil au milieu des clochers, serti de pierre taillée et de mosaïque verte, surmonté des trois lunes emblématiques de l’Islam, il est le symbole élancé qui du haut de ses 34 mètres affiche fièrement l’attachement de la France à la culture musulmane.
En 1920, le gouvernement français vote l’allocation d’un important crédit pour construire à paris une «maison de l’Islam», en signe de reconnaissance des soldats musulmans morts pour la France sur les champs de bataille de la première guerre mondiale. Le prestigieux Vème arrondissement cède alors un terrain de près d’un hectare à proximité du Collège de France et du musée d’histoire naturelle, dans un quartier où existe déjà un foyer intellectuel arabe très vivace. Inauguré en 1926, l’Institut Musulman de la Mosquée de Paris (IMMP) abrite alors deux grandes salles de prière, entourées de jardins luxuriants, deux salles d’ablutions, une bibliothèque, une Madrasa (école coranique), un patio mais aussi un hammam, un café et un restaurant maures, et pour parfaire le folklore, un petit souk où l’on retrouve un concentré d’artisanat magrébin. La mission de «cette perle de l’Islam enchâssée dans les lumières de Paris», selon la description de Si Hazma Boubakeur, recteur de l’IMMP depuis 1957, est alors non seulement d’offrir

un centre culturel et cultuel aux musulmans de France et du monde, d’assurer les représentations diplomatiques et les activités juridiques d’ordre religieux, mais aussi de garantir la juste compréhension de l’Islam à tous et de défendre la dignité des musulmans. Ce, par le prêche d’un Islam apolitique, «respectueux des croyances de chacun, mais fier de sa spécificité et de son identité propre», comme le peint Jacques Chirac à l’occasion du 70ème anniversaire de la création de la Mosquée, en 1992.

Voulues comme des ambassadrices de marque de la culture musulmane, rien n’est laissé au hasard dans la construction de la Grande Mosquée de Paris et de ses annexes. L’Alhambra, joyau de l’architecture Nasride est prise pour modèle, tandis que les jardins s’inspirent des plus beaux palais du Maghreb. Des artisans marocains font le déplacement pour réaliser frises, mosaïques, calligraphies, entrelacs, marqueterie et arabesques, dans le plus pur respect des traditions du raffinement musulman. Tour à tour, princes et gouvernements arabes se succèdent pour offrir de précieux meubles et tapis. À l’inverse d’une vision dualiste qui oppose le beau à l’utile, «l’art en orient ne s’entend que s’il participe du vivant. L’artiste nous parle de partage, non d’appropriation. Les seuls arts possibles sont les arts portés, les arts sur lesquels on mange, on marche, on prie», précise l’anthropologue Malek Chebel dans son Traité des bonnes manières et du raffinement. Lieu de vie, de culte et œuvre d’art, la Grande Mosquée de Paris est un musée à ciel ouvert.

L’illusion est parfaite. Passées les lourdes portes de chêne clair cloutées de bronze où s’entrelacent corail et eucalyptus, le visiteur est soudainement transporté en haut lieu de la splendeur hispano mauresque. Que ce soit le bruissement de l’eau mêlé au parfum des orangers, les chants coraniques, le fumet épicé des cuisines ou les vapeurs chaudes du hammam, tout invite à la rencontre culturelle.
Dehors, une rue passante, des gens pressés, de hauts murs blancs. Dedans, on pénètre dans un monde de transition et de transparence, une sorte de paradis protégé. Le regard se perd dans les perspectives fuyantes où chaque pièce, chaque cour, ouvre sur un jardin ou sur une salle richement ornementée. Ainsi introduits, les rapports avec d’autres visiteurs ne manquent pas de s’établir, dans le plaisir partagé d’être là. Le voyage n’est pas qu’une illusion; ici la convivialité si chère aux arabes est parfaitement encouragée par l’art et l’architecture musulmans.

Conseils pratiques

Grande Mosquée et Institut Musulman
2, bis Place du Puits de l’ermite, 75005 Paris.
Métro Place Monge ou Censier-Daubenton. Bus n°89 ou 47
La Mosquée est ouverte à la visite toute l’année.
www.mosquee-de-paris.net

Hammam
Entrée par le salon de thé et restaurant
39. rue Geoffroy St-Hilaire, 75005 Paris.
Tél.: 01 43 31 38 20.

Ouvert le mardi et dimanche pour les hommes, réservé aux femmes les autres jours. Plusieurs forfaits sont proposés, allant de l’entrée simple (15€) à la formule orientale incluant soins, thé et repas (58€). On peut apporter soi-même ou acheter sur place le savon noir ou le gant de gommage utiles aux soins de la peau traditionnels. Apportez maillot de bain et serviette.

Le restaurant et le Salon de thé sont ouvert tous les jours jusqu’à minuit et ne servent pas d’alcool. Les boissons et pâtisseries sont à 2€, les plats entre 6€ et 20€.
www.la-mosquee.com

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